Le philosophe Aristote

Publié le : 11 mai 20207 mins de lecture

Aristote (en grec ancien AñéóôïôÝëçò / Aristotélês) est un philosophe grec né à Stagire (actuelle Stavros) en Macédoine (d’où le surnom de « Stagirite », Óôáãåéñßôçò), en -384, et mort à Chalcis, en Eubée, en -322.

Sa conception de l’être comme « substance » (ou ontologie) et de la métaphysique comme « science de l’être en tant qu’être » influença l’ensemble de la tradition philosophique occidentale, d’Alexandre d’Aphrodise à Martin Heidegger en passant par Thomas d’Aquin, et orientale, d’Averroès et Maïmonide à Cordoue jusqu’au persan Avicenne en passant par les théologiens médiévaux de Byzance.

Véritable encyclopédiste, il s’est beaucoup intéressé aux arts (musique, rhétorique) et aux sciences (physique, biologie) de son époque ; il en théorisa les principes et effectua des recherches empiriques pour les appuyer. Sa conception de l’art poétique s’imposa dans l’esthétique classique. Sa théorie de la valeur influença la philosophie de l’économie de Karl Marx, et sa théorie de l’action (praxis) et de la prudence (phronèsis) marqua la philosophie politique et l’éthique d’Hannah Arendt. Le Stagirite est également considéré, avec les stoïciens[1], comme l’inventeur de la logique : il élabora une théorie du jugement prédicatif, systématisa l’usage des syllogismes et décrivit les rouages des sophismes.

Le mot métaphysique n’est pas connu d’Aristote, qui emploie l’expression philosophie première. Notes de cours peut-être hétérogènes et sans dénomination commune, les papiers classés après la Physique dans la bibliothèque d’Alexandrie prirent ainsi accidentellement le nom de « méta-physique ». Néanmoins, il est possible de considérer que cet ensemble de réflexions constitue une certaine unité. On y trouve en particulier énoncé un certain nombre de problèmes qui sont posés relativement à une même question : qu’est-ce qui fait que la totalité de ce qui est est ?, laquelle question semble définir l’objet d’une science dénommée philosophie première. La philosophie première ou métaphysique, c’est donc pour Aristote la science la plus générale, par opposition aux sciences particulières. La philosophie première, c’est la philosophie qui, au lieu de « découper une partie de ce qui est » (genre, espèce, ou autre) pour se poser ensuite la question de son être particulier (Qu’est-ce qui fait que ce qui est vivant est vivant ? ou encore

Qu’est-ce qui fait qu’un homme est un homme? ou bien Qu’est-ce qui fait qu’un minéral est un minéral ? etc.) « prend en vue la totalité de ce qui est » pour s’interroger sur ce qui fait que tout ce qui est est. Selon Aristote, la philosophie première est donc la science de l’être en tant qu’il est et non d’une de ses parties, ou encore la science des principes et causes de l’être en tant qu’il est et de ses attributs essentiels. La philosophie première, en posant la question de savoir ce qui fait que tout ce qui est est, se heurte à de multiples problèmes, du fait que « ce qui est se dit en de multiples sens » (Métaphysique, G) ou autrement dit que « ce qui est en tant qu’il est n’est pas un genre » (Métaphysique, B). En effet, ce qui est se découpe en parties distinctes (supra-lunaire et sub-lunaire, les différents genres, les différentes espèces, etc.) dont les principes et les causes semblent définitivement hétérogènes les unes aux autres.

Pour répondre à la question de la métaphysique et résoudre les différents problèmes qu’elle pose, la recherche aristotélicienne porte alors plus particulièrement sur les manières de dire l’être. Ainsi la définition des essences dépend-elle de la philosophie première. Dans les Catégories, Aristote explique plusieurs sens de ce qui se dit simplement, c’est-à-dire de ce qui se dit sans combinaison (les termes des propositions) : substance (ï?óßá / ousía), qualité, quantité, relatif, lieu, temps, position, action, passion, avoir. Cette liste est variable et semble devoir être complétée par d’autres concepts, tels que être en puissance ou en acte, privation, possession, antérieur, postérieur. Mais pour ce qui est de l’être, tous les sens dérivent du sens primitif et essentiel de l’être de la substance. La question fondamentale de la métaphysique est donc la substance. Selon lui, en effet, toute métaphysique se réduit à la question suivante : qu’est-ce que la substance ? Le livre Z de la Métaphysique cherche à répondre à cette question (voir substance (Aristote)).

Aristote se fonde toujours sur le même réseau de concepts, qui sont définis dans les livres Á et Ä de Métaphysique :

  • Catégories
  • Substance
  • Acte/Puissance
  • Entéléchie
  • Les 4 causes : * matérielle – * formelle – * motrice (ou efficiente) – * finale
  • Nécessaire/accidentel

On parle parfois d’une orientation onto-théologique de la philosophie première : en effet Aristote semble dans certains livres (le livre E en particulier) reconduire la question ontologique du livre gamma (qu’est-ce qui fait que tout ce qui est est ?) dans une question de type théologique (quel est la première cause qui amène à l’être l’ensemble de ce qui est ?). Dans la Métaphysique, [17] il décrit Dieu comme le premier moteur immuable, incorruptible[18], et le définit comme la pensée de la pensée, c’est-à-dire comme un Être qui pense sa propre pensée, l’intelligence et l’acte d’intelliger étant une seule et même chose en Dieu[19]. Il est en ce sens une forme ou un acte sans matière qui provoque en premier l’ensemble des mouvements et par suite l’actualisation de l’ensemble de ce qui est.

Platon (à gauche) et Aristote (à droite). Aristote pointe le sol par le plat de sa main droite, ce qui symbolise sa croyance dans la connaissance par le biais de l’observation empirique et de l’expérience tout en tenant, dans l’autre main, une copie de son Éthique à Nicomaque. Platon pointe le doigt vers le ciel symbolisant sa croyance dans les idées (détail de la fresque L’École d’Athènes du peintre italien Raphaël).

Naissance : 384 av. J.-C. (Stagire)

Décès : 322 av. J.-C. (Chalcis)

École/tradition : Fondateur du Lycée, aristotélisme, péripatétisme

Principaux intérêts : Physique, métaphysique, biologie, éthique, politique, langage, logique, poétique, rhétorique

Idées remarquables : Syllogisme, Puissance/Acte, Matière/Forme, Substance/Accident, Catégorie, Phronèsis

Œuvres principales : Catégories, Métaphysique, Physique, Politiques, Poétique

Influencé par : Homère, Héraclite, Parménide, Anaxagore, Empédocle, Socrate, Platon

A influencé : La majeure partie de la philosophie occidentale, islamique et juive

La catharsis : un outil de guérison et de libération
La libération

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